2001 à aujourd'hui : un espace en constante métamorphose

2011 à aujourd'hui : un espace en constante métamorphose

1. les luttes pour la prise en considération du patrimoine dans la transformation urbaine

1.1. Début des années 2000 : vers un projet urbain plutôt qu’industriel

En 2001, la nouvelle majorité du Grand Lyon modifie les priorités du plan de transports urbains au profit de l’Est Lyonnais.

Cela se traduit par la création d’un tramway reliant la Part Dieu à Meyzieu sur l’emprise de l’ancienne voie de Chemin de fer de l’Est lyonnais. La ligne T3 est ouverte en 2006 et raccordée au Métro A grâce à la réalisation d’une nouvelle station « Vaulx-en-Velin Soie », inaugurée en 2007. Le Conseil Général du Rhône décide la prolongation de la ligne T3 vers l’aéroport Saint exupéry pour la mise en place de RhônExpress qui est mise en service en 2010. Le quartier de la Soie et ses nombreuses friches industrielles devient l’un des pôles multimodaux ultra connecté et un territoire de développement stratégique pour l’est de l’agglomération lyonnaise. C’est les prémisses du projet « Carré de Soie ».

Dans cette dynamique, une consultation est organisée par le Grand Lyon pour l’implantation d’un pôle de commerces et de loisirs, sur un terrain avenue de Bohlen, acquis en 1999 par la société Pathé pour l’installation d’un multiplex.

Le projet de centre commercial, appelé Carré de Soie, orienté sur la mode et les loisirs, est finalement loin des aspirations des habitants du secteur. Les premières réunions publiques organisées en 2003 avec le Grand Lyon tournent autour de l’absence de projet urbain plus ambitieux.

Le Grand Lyon, avec les villes de Vaulx-en-Velin et de Villeurbanne engagent alors une démarche de réflexion sur le devenir d’un grand secteur de 500 ha, intégrant l’ensemble de la partie sud de Vaulx-en-Velin et un large secteur des Brosses à Villeurbanne. En 2004, Bruno Dumetier est désigné urbaniste en chef pour définir un projet urbain sur ce territoire. Entre 2004 et 2006, de nombreux rendez-vous permettent de partager avec les habitants les enjeux, principes fondateurs et le plan guide du nouveau projet urbain du Carré de Soie. Le projet urbain prévoit une transformation des friches industrielles en nouveaux quartier mixtes associant logements, bureaux, équipements et espaces publics. La reconquête des berges du canal de Jonage est identifiée comme un enjeu majeur du projet. Les consultations publiques mettront en lumière la nécessaire prise en compte du patrimoine industriel sur ce site. 

Le Projet Urbain sera rendu public en 2007 intégrant en quatrième axe, la préservation du patrimoine. La façade de l’usine Tase est inscrite au plan guide et sera posée comme élément bâti à préserver lors de la révision du Plan Local de l’Urbanisme (PLU) en 2005.

Avec l’arrivée du pôle multimodal Vaulx-en-Velin – La Soie, la friche Tase toute proche devient une opportunité immobilière. 

Depuis 1996, la société immobilière Partouche achète lot par lot, l’aile ouest et les deux tiers de la façade et les sheds situés entre les deux ailes correspondant à l’ancien « Second Marché ». L’objectif est de densifier le secteur avec le soutien des collectivités.

En 2006, sans réelle concertation avec les habitants, et dans un contexte où investir sur ce territoire apparaît comme un risque, le Grand Lyon et la ville de Vaulx-en-Velin valident un programme d’aménagement d’ensemble (PAE), permettant au groupe Partouche immobilier d’envisager sur son terrain un projet mixte d’environ 600 logements et 13 000 m² de bureaux. Le PAE est traduit dans le PLU lors de la modification n°1 mise à l’enquête publique à l’automne 2006.

Si la façade de l’usine TASE y est bien préservée, le projet s’avère plus dense que les préconisations formulées par le projet urbain posé par Bruno Dumetier. Le PLU précise par ailleurs les conditions de conservation de la façade de l’usine dans une Orientation d’Aménagement de Quartier et de Secteur : conservation du mur de façade et rétablissement à volume identique de la totalité du bâtiment ». La hauteur des bâtiments autorisée et l’absence de projet tangible de requalification de la façade de l’usine vont entraîner une mobilisation des habitants.

1.2. 2007-2011 : De la lutte à la négociation pour la sauvegarde de l’usine

Face à ce processus de transformation accélérée, la mobilisation associative se structure.

Les Robins des Villes, association fondée en 1997, décroche avec l’aide d’Usine sans Fin un budget de la Fondation de France pour réaliser un diagnostic des usages urbains sur le Carré de soie, mené à bien en 2005 et 2006, avec le but de contribuer, aux côtés des habitants, à la concertation. Ils vont accompagner la naissance de plusieurs associations d’habitants. 

En marge de l’enquête publique sur la modification du PLU fin 2006, l’association « Vaulx-Carré de soie », présidée par Joelle Giannetti, habitante du quartier, demande la sauvegarde et la valorisation de l’ensemble de l’usine TASE, avec une pétition réunissant 800 signatures. Cette demande est également transmise à la DRAC.

Malgré ces mobilisations, un permis de démolir est déposé en mai 2007 pour les ateliers au nord de la façade et l’aile Ouest, démolition qui sera menée à terme en 2007 et 2008 par le promoteur Bouwfonds Marignan, nouveau propriétaire du terrain. disposant des droits à construire du PAE. La façade, protégée, ainsi que les Grands Bureaux et l’Aile Est toujours propriétés de la SCI la Soie restent en place mais leur devenir est menacé. 

En octobre 2007, quand l’association Robin des villes organise Recyclopolis, la 4e Rencontre du cadre de ville dans les locaux de la SCI la Soie, le rêve de coproduction a tourné court. 

En novembre 2007 est créé le collectif le « Cercle de la soie rayonne « , autour des associations Robins des villes, Vaulx Carré de Soie et Usine Sans fin. Présidé par José Berenguer, il réunit une dizaine d’associations pour « Sauver l’usine et ses cités ». S’engage une longue mobilisation pour l’amélioration du projet de Bouwfonds Marignan, et pour l’inscription aux monuments historiques de la façade de l’usine Tase.

Demande d’inscription auprès de la commission régionale de Protection des sites de la DRAC, interpellation des élus, colloques, projet de requalification pour la façade de l’usine en 2008, conférences et communiqués de presse… Le collectif mobilise les leviers à sa disposition pour faire reconnaître le patrimoine de la Tase.

Les collectivités ouvrent l’oreilles à leurs revendications.

Début 2009 Bruno Dumetier, architecte urbaniste en chef du projet urbain du Carré de soie mandaté par le Grand Lyon réalise une étude de faisabilité pour une reconversion de l’usine TASE, sujet peu investi par les promoteurs suite à une expertise technique commandée par Partouche concluant à l’impossibilité de sa réhabilitation, expertise renouvelée par Bouwfonds Marignan avec les mêmes conclusions.  

Le projet proposé permet de trouver un point d’entente avec le promoteur Bouwfonds Marignan, pour la réhabilitation de la façade de l’usine. Il est rendu public et exposé à la DRAC dans le cadre de l’instruction de la Commission régionale de protection des sites, qui se réunit le 23 avril 2009. Sur la base de cette étude, la Commission Régionale du Patrimoine et des Sites propose au préfet une inscription du bâtiment du volume et de la façade. Cette formulation permet si besoin d’envisager une démolition du volume avec maintien de la façade.

Malgré cette avancée et devant l’absence de dialogue possible sur la modification plus large du projet d’aménagement validé avec Bouwfonds Marignan, le Cercle de la Soie Rayonne dépose en octobre 2009 un sursis à statuer sur les deux premiers permis déposés par l’opérateur conditionné à un travail de redéfinition du plan masse proposé par l’opérateur soit engagé et fasse l’objet d’une révision au PLU.

Un travail de dialogue s’amorce qui va durer toute l’année 2010.

Christian Devillers, l’architecte du projet d’aménagement de Bouwfonds Marignan présente aux associations de premières modifications du projet, intégrant notamment un recul supplémentaire et une baisse de hauteur des premiers bâtiments prévus au nord de la façade de l’usine.

Ces propositions sont jugées insuffisantes face à l’enjeu patrimonial par le Cercle de la Soie Rayonne, qui dépose le 8 février 2010 un recours gracieux puis en juin un recours en annulation contre les deux premiers permis de construire déposés par le promoteur.

Le blocage juridique va amener les collectivités à reprendre la main sur le dossier. 

Le Grand Lyon commande un travail de composition urbaine complémentaire à l’Atelier de la Passerelle et Dumetier Design pour revoir l’ensemble des principes d’aménagement du secteur TASE.

Fin 2010, aux termes de négociations avec le promoteur et de dialogue avec les associations, un nouveau plan d’aménagement est proposé. 

Il repose sur la réorganisation complète du plan de composition urbaine et du terrain d’assiette de Bouwfonds Marignan: 

> définition d’un espace public majeur le long de l’aile est de l’usine Tase (et non plus le long de l’avenue des canuts), qui devient ainsi un élément majeur de la composition d’ensemble. Cet espace public deviendra en 2020, l’esplanade Tase.

> Passage d’une programmation globale de 75 000 m² à 65 000 m²  pour Bouwfonds Marignan : 51 500 m² à l’arrière de l’usine, 8500 m² dans la façade de l’usine dans une opération de requalification conformes aux exigences de la DRAC et des associations, et   5000 m² sur un nouveau terrain cédé par la Métropole de Lyon

> Traitement particulier à l’interface de la façade de l’’usine et de la première rangée de bâtiments : recul entre 16,5 m (au niveau des décrochés) et 19 m entre les premiers immeubles et la façade de l’usine

Sur la base de ce projet renégocié, marquant des avancées majeures tant pour la prise en compte du patrimoine que pour la qualité du projet d’ensemble, une demande de retrait des recours sur les permis de construire est formulée par les collectivités. 

Le Cercle de la soie rayonne vote ce retrait à la majorité lors d’une AG restreinte. Le retrait des recours sur les permis de construire est officialisé au tribunal administratif par le président du collectif, José Bérenger le 8 mars 2011. Certains membres du collectif attaqueront ce retrait souhaitant aller plus loin dans les négociations. Toutefois, le Tribunal de Grande instance donne raison à José Berenguer et interdit les requérants de se réclamer du Cercle de la Soie Rayonne (mai 2011). Dans la foulée, le retrait des recours est accepté par le TA de Lyon.

Le 25 mai 2011 le préfet valide l’inscription de la façade de l’usine Tase à l’inventaire de monuments historiques.

Si les dissensions entre membres entraînent la dislocation du Cercle de la Soie Rayonne, la bataille menée autour de la sauvegarde de l’usine TASE marque une victoire majeure des associations. Elle a permis d’activer un changement de posture radical des collectivités et du promoteur, une reconnaissance du patrimoine et l’amélioration du projet d’aménagement au bénéfice des habitants et des collectivités 

 Clin de d’œil de l’histoire, en 2011, l’entreprise Technip choisit le projet de réhabilitation de la majestueuse façade de l’usine TASE présenté par Bouwfonds Marignan pour assurer le regroupement de ses entités lyonnaises. 600 collaborateurs rejoignent alors les salariés de Citex, maintenus depuis les années 80 dans les grands bureaux de l’usine Tase.

Création du Silk me Back et de Vive la TASE !

Silk me Back

Initialement, le Silk me Back a été créée suite aux évènements de Fukushima afin d’exprimer un soutien élégant et créatif auprès des japonais en retour de l’aide que ceux-ci nous ont apportée lors de l’épidémie de la pébrine au XIXe siècle. Initié par Isabelle Moulin sur son blog personnel le 17 mars 2011, le Silk me Back a été lancé publiquement à l’usine TASE, lieu emblématique du patrimoine industriel textile rhônalpin lors des Journées Européennes du Patrimoine.

Projet fondateur de cette démarche, une collection de kimonos a su faire se rencontrer une vingtaine d’artistes contemporains avec les grandes maisons de soieries. Cette collection de kimonos a été exposée au Musée des tissus de Lyon et à la fondation Bullukian, aux soieries bonnet, à la galerie de Nesle pour la Fashion Week de Paris avant d’être vendue aux enchères à l’hôtel Westin Paris-Vendôme.

Les fruits de cette démarche ont été partagés avec les japonais lors d’un périple au long cours, deux ans jour pour jour après la catastrophe, dans la région du Tohoku, expédition dont témoigne un film le « Silk me Back in Japan » financé par la région Rhône-Alpes, la fondation Sasakawa et Air France.

Déroulant ce fil encore plus loin, le Silk me Back se décline aujourd’hui sur différents projets culturels. L’association est aujourd’hui une démarche artistique mettant en lien de multiples expressions contemporaines autour de la thématique de la soie et du textile à travers des expositions, des éditions, des programmes pédagogiques et des évènements.

Ces différents projets ont également donné lieu à la créations de livres (Les Collections Soyeuses) et objets édités en séries limitées. La vente des ces éditions permet de soutenir des missions de sauvegarde du patrimoine soyeux et textile telles que le conservatoire de mûriers de l’ex-Unité de Recherches en de Sériciculture de Sainte-Foy-Lès-Lyon, le Musée Industriel de l’École de la Martinière-Diderot et le métier à tisser la dentelle rebaptisé la Belle Dormante à Vaulx-en-Velin. 

montrer le logo de l'association Silk me Back de Madame Isabelle Moulin
Logo du Silk me Back de Madame Isabelle Moulin. Conception : Studio Pupik

Vive la TASE

La façade classée, L’usine en partie sauvée, Vive la TASE ! est créée pour donner sens à cette préservation. Elle choisit symboliquement de décliner son acronyme pour traduire cet objectif : Textile Art Science Energie. Le but de l’association est d’obtenir la reconnaissance de l’ensemble TASE mais aussi de Cusset en mobilisant d’autres associations liées au patrimoine industriel de la région.

Une commission régionale du patrimoine industriel de Patrimoine Rhônalpin est aors créée à la TASE en septembre 2011. Cette commission sera à l’origine du label Ensemble industriel remarquable en 2014.

Vive la TASE !,  c’est avant tout toucher avec art et science les habitants du quartier mais aussi le grand public pour convaincre les collectivités de s’engager dans la valorisation de ce patrimoine de valeur national.

montrer le dynamisme de l'association et de sa présidente Jocelyne Beard
Publique des Journées Européennes du Patrimoine 2021. Jocelyne Beard, en rouge, au centre de l'image. Photo : Maxime Sermet.

Labélisation de l'ensemble industriel Cusset-TASE comme "remarquable"

En 2014, la commission Patrimoine industriel de l’association Patrimoine Aurhalpin a lancé un recensement des Ensembles industriels remarquables (EIR). Un EIR est une unité de production en réseau avec d’autres éléments : autre unité de production, d’énergie, de transport, de vie (habitat, édifice scolaire, religieux, lieu de sociabilité). Ces éléments ont une cohérence entre eux (géographique ou de fonctionnement). L’ensemble a une histoire, une architecture ou même une symbolique qui le rend remarquable par son exemplarité ou par son caractère marquant dans le paysage régional.

L’EIR Cusset-TASE est le tout premier à avoir été labelisé en 2014 grâce à l’initiative de Jocelyne Beard, la présidente de l’association Vive la TASE ! L’obtention de ce label pour notre ancien secteur industriel s’explique par la qualité et la quantité des infrastructures encore debout aujourd’hui. La Petite Cité est quasiment intact et les éléments qui la compose avec, beaucoup d’immeubles de la Grande Cité subsistent, l’usine TASE nous offre encore une splendide façade de 300 mètres et l’usine hydroélectrique de Cusset est encore en fonctionnement. Cet ensemble exceptionnel témoigne du dynamisme économique du secteur au XXème siècle.

Témoin également de l’évolution du territoire, du dynamisme social et de la vie des ouvriers au début du XXème siècle, l’ensemble constitue un véritable musée à ciel ouvert, sans pareil dans la métropole.

 
montrer le logo des Ensembles industriels remarquables
Logo des Ensembles industriels remarquables. Patrimoine Aurhalpin.

Un Ensemble industriel remarquable comme écrin de notre expression

Depuis 20 ans, nos associations se mobilisent auprès des acteurs locaux pour la sauvegarde et la valorisation de l’Usine TASE à Vaulx-en-Velin. Ancienne usine de soie artificielle créée par la Famille Gillet en 1924, cette véritable colonie industrielle conçue sur le modèle britannique a offert à ces milliers d’ouvriers de 33 nationalités différentes jusque dans les années 1980 toute une infrastructure allant de l’unité de production, du laboratoire de recherches aux cités jardins et au dispensaire. Après sa fermeture, une dynamique citoyenne exemplaire a su préserver ce qui reste de ce trésor du patrimoine industriel textile hautement symbolique. Depuis le 25 mai 2011, la façade de l’usine TASE fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques.

Mais ce n’est pas pour autant que cette dynamique s’est essoufflée comme c’est souvent le cas à l’issue des longues batailles juridiques et arbitraires que nécessitent sauvegarde et classement. Bien au contraire, en s’inscrivant résolument dans une réflexion projective à l’encontre d’une muséification, les associations ont affirmé depuis, dans toutes leurs actions, qu’un patrimoine tel que celui-ci pouvait représenter un outil actif et créatif nous permettant de répondre aux questionnements de nos enjeux contemporains. Témoin vivant d’une époque révolue, il donne des clefs de compréhension sur ce qu’était la vie ouvrière au XXe siècle mais offre également les moyens de se questionner sur le devenir de l’industrie. Une bonne partie de la colonie Gillet comprenant usine, cités ouvrières, dispensaires et autres infrastructures ayant été préservées, le site de l’Usine et ses alentours incluant l’Usine Hydro-électrique de Cusset a été labellisé Ensemble Industriel Remarquable Cusset-Tase. Le site est affilié au réseau européen patrimoine industriel E-Faith.

Joyaux de cet écrin, l’Usine TASE a été pour moitié rénovée et parviendra en 2024 à l’issue complète de sa métamorphose. Depuis le classement de la façade Est de l’Usine Tase en 2011, la programmation mise en place par Vive la Tase ! et Silk me Back durant le chantier de rénovation urbaine a toujours su témoigner d’une vitalité et d’une pertinence sans cesse remise sur le métier. C’est ainsi que le site est devenu au fil des années une sorte de référent iconique de la culture industrielle métropolitaine. Depuis 2016, les deux associations bénéficient de l’usage de vastes locaux mis à leur disposition par la Métropole.

Petite Cité
Une partie de l'Ensemble industriel remarquable Cusset-TASE. Xavier Spertini.

Pour un espace de médiation artistique, scientifique et technique

Depuis dix ans Vive la TASE ! et Silk Me Back ont préfiguré des espace/temps hybrides témoignant de la valeur patrimoniale du site de l’Usine TASE tout en proposant des usages mixtes et modulables de type tiers lieu : vivant, actif, apprenant et en prise directe avec la vie citoyenne.

Comment transformer l’usine TASE en un lieu de transmission de la culture industrielle ? Comment développer programmes et outils pédagogiques de la maternelle à l’université ? Comment proposer à un public familial un point de départ de visites soyeuses ? Comment attirer les touristes d’ici et d’ailleurs ?

Imaginons un lieu de mixité, d’échanges transgénérationnels où pourraient se croiser aussi bien industriels, « textiliens », professionnels, usagers, techniciens, artistes, scientifiques, scolaires et séniors, grand public et publics spécialisés. Imaginons la mise en place d’un espace de co-working/fab’lab avec mutualisation et formation aux outils numériques et un espace atelier/rencontres avec programmation en lien avec les thématiques Culture industrielle et Histoire des innovations.

Un espace de médiation permettrait de mettre en réseau le monde de la formation et de l’entreprise. Faire se rencontrer nos partenaires historiques liés à la formation à l’exemple de l’INSA, l’École de la Martinière-Diderot, l’ENSATT, le Campus des métiers du textile, et l’Académie (écoles, collèges et lycées) avec nos partenaires textiles tels qu’Unitex, Intersoie, Techtera ou encore la Fondation Hermès. Mobiliser les grandes écoles d’ingénieurs du territoire l’ENTPE, l’ENSAL et L’ESITC pour élaborer une démarche pédagogique de type « main à la pâte et remédiation industrielle » capable de transmettre une connaissance concrète des transformations de la production et de la construction aux grands comme aux petits.

Cet espace pourrait être en lien avec les structures culturelles, scientifiques et techniques métropolitaines et régionales à travers, par exemple, une mise en résonance lors des grandes manifestations publiques telles que la Fête de la Science, les Biennales, la Fête des Lumières…. 

L’étape préalable à la conception de cet Espace a été franchie en 2012 avec la démarche « Esprit des Lieux » et sa volonté de conjuguer projet urbain et patrimoine en mobilisant l’ensemble des acteurs locaux. Cette démarche fédératrice peut avec la même volonté de conjugaison des acteurs publics et privés, institutionnels et associatifs, dégager les énergies nécessaires au développement d’une culture industrielle commune intégrant les défis de l’industrie de demain. La médiation industrielle appelle une large mobilisation de l’art et de la science pour expliquer notre passé industriel, comprendre les défis d’aujourd’hui et découvrir de nouvelles manières de produire en gestation.

Que l’usine TASE devienne un des lieux où ce travail sera engagé.